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Vie Numérique, BIM de Niveau 2 et Troisème Révolution Industrielle

Évolution, larges données, génération Z, et pourquoi - pour notre industrie - les motivations de transition au numérique et l’adoption du BIM sont davantage externes qu’internes

John Enyon: Open Water Consulting

La cadence de l’évolution numérique

Je représente certainement le Baby Boomer typique, né à la fin des années 50. Toutes ces nouveautés technologiques ? Je les ai vues se produire tout au long de ma vie !

Calculettes, fax, téléphones portables et ordinateurs personnels - j’ai connu les toutes premières versions de ces objets qui sont rapidement devenus obsolètes. En 1969, je me suis réveillé à l’aube pour assister au premier pas de l’homme sur la lune sur notre télé en noir et blanc. Vous vous souvenez du ZX Spectrum ? De la Commodore 64 ? De l’Amstrad PC ? Du Macintosh d’Apple ? Des Betamax et des VHS ? D’O2 ? De Vodafone ? Et bien, je me souviens de Mercury 121 (un des tous premiers fournisseurs de téléphonie mobile, qui n’existe plus depuis longtemps) !

Ensuite c’est internet, les e-mails, Twitter, Instagram, Google+ et toute la pléthore de médias et chaines d’information que nous utilisons chaque jour qui sont arrivés. Facebook, fondé seulement en 2004, compte plus d’1,5 milliards d’utilisateurs. Cela équivaut au nombre d’habitants de la Chine et de l’Inde réunies. En utilisant la même comparaison, le nombre d’utilisateurs de Twitter étant de 500 millions, cela représente plus que le nombre de citoyens américains.

Ressentez la vitesse du changement : effrayant, excitant !

Puis vient la technologie. Les ordinateurs remplissaient autrefois un stade de foot. Le premier Apple Mac que j’ai acheté possédait 4 Mo de RAM et un disque dur de 40 Mo (c’était il y a 25 ans. Aïe !). À présent, je me promène avec un iPhone de 64 Go dans ma poche. Les modules de commande d’Apollo 11 disposaient d’une capacité de 64 Ko. Puis bien évidemment, vient la migration totale du PC statique au PC portable. L’utilisation des tablettes, des smartphones et des technologies portables/implantées a augmenté, ces dernières deviendront surement populaires avec le temps. Nous ne sommes plus attachés à nos bureaux, ni à nos tables de travail, ni nulle part à vrai dire. Le monde est devenu notre coquille de par l’utilisation de la 4G, des smartphones et des informations disponibles en ligne 24h/4 et 7 jours/7.

Et où vais-je en venir ? La cadence de cette évolution.

Elle est de plus en plus rapide. Transformant nos vies en tant que communautés, nations et monde entier, pas uniquement en tant qu’individus, ni industries. Le meilleur exemple en date est l’avènement des MP3, d’iTunes et de la façon dont cela a transformé la manière de produire, de distribuer, d’accéder et de vendre de la musique. Les modèles économiques ont changé lorsque les musiciens se sont soudainement retrouvés plus proches de leur public. L’intermédiaire pouvait facilement être évité.

 
Nous ne sommes plus attachés à nos bureaux, ni à nos tables de travail, ni nulle part à vrai dire. Le monde est devenu notre coquille de par l’utilisation de la 4G, des smartphones et des informations disponibles en ligne 24h/4 et 7 jours/7.
 

Que cela signifie t-il pour nous ?

D’autres industries ont migré vers l’ère numérique bien avant l’industrie de l’Architecture, Ingénierie et Construction (AEC). Nous sommes probablement la dernière industrie majeure à entreprendre cette transition. La loi de Moore dicte le doublement de la puissance de traitement et la réduction des couts de moitié tous les 18 mois environ. La puissance informatique qui se trouve au bout de nos doigts et dans nos poches est bien plus grande que ce que dans les rêves les plus fous de nos aïeux.

Nos vies sont numériques depuis plusieurs années, sans doute ne l’avions-nous pas vraiment réalisé. Prenez l’exemple des terminaux de paiement électronique (TPE) et le traitement de nos modèles de transactions et d’achat. La manière dont nous voyageons est un autre exemple. En utilisant de grandes machines de données, les corporations ont analysé pendant des années nos empreintes numériques afin d’établir un profil de nos schémas des dépenses et modes de vie.

Voilà où je veux en venir. Je pense que les raisons et motivations qui poussent notre industrie à opter pour l’ère numérique (BIM et environnements de données communes) sont davantage externes qu’internes.

Nos vies entières sont passées au numérique, ce qui a eu un impact sur tous les aspects de ce que nous faisons et la manière dont nous vivons. Si vous connaissez l’Internet des objets (IoT) ou l’Internet de tout (IoE), vous devez alors savoir que toutes les machines, objets et capteurs autour de nous communiquent et partagent des données, afin de rendre nos vies meilleures, dans la plupart des cas. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Les estimations diffèrent, mais certains chiffres prévoient ‘16 milliards d’appareils’ connectés à l’IoT d’ici la fin 2014 (chiffre qui était 20 % plus élevé en 2013), ‘50 milliards’ d’ici 2020 et ‘un billion’ entre 2030 et 2050. Lorsque vous gardez à l’esprit qu’au cours de la même période, la population mondiale ne comptera que 9 milliards d’individus, cela représente beaucoup d’appareils et d’informations.

Le mouvement de Smart City ayant lieu aux quatre coins du monde nous montre comment la vie numérique fonctionne sur une échelle locale ou nationale. Des capteurs intégrés à toute sorte de choses et objets partagent des données sur l’environnement qui nous entoure, tel que les conditions météo, l’environnement, les bouchons, les déplacements de personnes, la consommation d’énergie et de carbone et cela va même jusqu’à indiquer à quelle heure vous rentrez chez vous, afin que les systèmes de chauffage ou autres soient en route lors de votre arrivée.

C’est pour toutes ces raisons, et plus encore, que la migration de notre industrie vers le BIM est absolument inévitable. En ce qui concerne l’industrie AECO, comme certains l’appellent aujourd’hui (Architecture, Ingénierie, Construction, Opérations), le BIM et les CDE servent alors de maillon nous reliant avec le reste. Tandis que l’environnement bâti migre vers l’ère numérique, nous nous connectons à toutes les autres communautés numériques. Nous ne pouvons plus rester une ile analogique dans une mer numérique.

Le fait que notre industrie se dirige vers l’ère numérique et le BIM rend toutes les choses ci-dessus possibles, à savoir la coordination des constructions, actifs et infrastructures, à la fois de manière individuelle et à l’échelle urbaine, nationale et même internationale. Le BIM ne concerne pas une seule entreprise, ni un actif unique. Elle ne repose pas non plus simplement sur la conception, ni la construction. Il concerne la manière dont nous vivons au sein d’un environnement bâti et dont nous partageons et utilisons les informations sur absolument tout ce qui nous entoure.

 
Tandis que l’environnement bâti migre vers l’ère numérique, nous nous connectons à toutes les autres communautés numériques. Nous ne pouvons plus rester une ile analogique dans une mer numérique.
 

Informations

Selon moi, cela représente la démocratisation de notre industrie. Si vous possédez les bonnes compétences ou que vous disposez de la bonne équipe avec les outils BIM à portée de main et les données au bout de vos doigts, vous pouvez faire de grandes choses. Vous pouvez être un ingénieur, un architecte, un client ou un sous-traitant...cela n’a pas d’importance...cette labellisation est inutile.

Comme nous savons que les informations sont désormais omniprésentes, nous pouvons obtenir des données sur tout et n’importe quand. Les informations dont nous avions besoin ont toujours été là, elles n’étaient juste pas aussi facilement accessibles, ni trouvables qu’elles ne le sont maintenant. Grâce à COBie, IFC et Uniclass, nous disposons de données validées et structurées cohérentes sur tout ce dont nous avons besoin. Il s’agit une fois de plus de quelque chose que nous n’avions jamais eu. Ajoutez à cela des engins d’analyse de données et nous pouvons obtenir des données agrégées sur tout ce que nous souhaitons (performance des composants ou unités de services, fiabilité et performance des fournisseurs, sous-traitants, consultants et même des particuliers). Tout cela nous sera disponible !

Afin de développer cela encore plus, nous pouvons prendre en considération l’ensemble des consommateurs et le grand public. Comme nous l’avons constaté au cours de la dernière décennie, le smartphone et la tablette ont totalement changé nos attitudes quant aux données mobiles, non seulement en termes d’informations que nous recherchons, mais aussi sur la manière dont nous accédons à ce dont nous avons besoin.

Maintenant que la technologie mobile dépasse la technologie statique et les ordinateurs, les choses n’iront désormais plus que dans un sens. Davantage de données, davantage d’appareils mobiles, mais les interfaces utilisateur, les applications et autres deviendront plus intuitives et plus facilement accessibles. Cela signifie une accessibilité accrue pour les personnes en marge de l’industrie ou qui en sont complètement étrangères. Cela nous mènera probablement vers une nouvelle ère pendant laquelle les professionnels de l’industrie ne devront pas se reposer sur leurs lauriers. Rien ne pourra jamais remplacer l’expérience et la créativité humaines, mais le potentiel des technologies en cours de développement, ainsi que les données qui sont et seront disponibles, nous apporteront des plateformes et des possibilités que nous ne pouvons même pas imaginer.

 
Comme nous savons que les informations sont désormais omniprésentes, nous pouvons obtenir des données sur tout et n’importe quand.
 

Rôles

Les rôles seront diffus, dépassant les approches et limites traditionnelles. En tant qu’industrie, nous pouvons être obnubilés par les titres et postes, mais dans le futur, cela ne sera pas aussi important que maintenant. Le fait de facilement accéder aux données et outils BIM va révolutionner nos tâches quotidiennes.

Nous sommes déjà en train voir tout cela se produire : certains concepteurs optent pour l’analyse 4D et 5D et certains entrepreneurs utilisent leurs équipes BIM afin d’intégrer le traitement en amont dans la conception et le traitement en aval dans la fabrication, tout particulièrement hors site.

L’amélioration de la numérisation laser permet un processus de conception sous la forme de nuages de points, ce qui ouvre la porte vers de nouvelles études. Ajoutez à cela, les capacités d’impression en 3D, la réalité accrue de la visualisation, pour ne mentionner que quelques points de croissance BIM. Nous pouvons constater que les outils mis à la disposition des équipes de conception et construction offrent des possibilités inimaginables auparavant. Sans oublier la capacité à réaliser encore plus de choses, mais avec moins de ressources et des équipes de plus petite taille. Le BIM peut être un excellent atout pour les SME, si ces dernières saisissent l’opportunité qu’il représente.

 
Les rôles seront diffus, dépassant les approches et limites traditionnelles.
 

La troisième révolution industrielle

Vous entendez l’horloge qui tourne ? Ou le rugissement lointain du raz de marée numérique qui approche ? C’est inévitable, irrésistible et dans un sens, totalement épuisant. Les modes de vie et de travail analogiques seront balayés, ainsi que chaque personne qui tentera d’y résister ! Pendant un temps, j’ai cru et affirmé qu’il s’agissait d’un épisode darwinien pour notre industrie. Ceux qui refusent de s’y adapter, ou qui mettent trop de temps à s’adapter, feront prochainement faillite ou seront laissés de côté. Des entreprises et des emplois sont en jeu ici.

La première et la seconde révolution industrielle étaient basée sur la transition vers une fabrication et production de masse et sur l’utilisation de de la vapeur pour alimenter les usines et se déplacer. La troisième révolution industrielle (dans laquelle nous sommes actuellement plongés) concerne l’économie de l’information. La manière dont les industries et informations changent nos modes de vie. Cela part d’un individu pour être diffusé en globalité, tout en informant ce qui se trouve entre les deux. Nous échangeons, consommons et utilisons des informations et données tout le temps.

‘Pour la génération Z... c’est tout aussi naturel que de respirer’

Bien évidemment, même si nous parlons beaucoup de technologie, cela concerne avant tout les personnes. En tant que Baby Boomer, je suis relativement instruit en ce qui concerne le monde numérique, mais j’ai mes limites et je les rencontre chaque jour ! Lorsque j’observe les jeunes autour de moi, je peux reconnaitre ceux qui ont connu cet univers toute leur vie, car cela les a toujours entourés. Et aujourd’hui, nous avons la génération Z, et les suivantes, qui grandissent dans un bain d’informations numériques que nous qualifions de vie.

Ce sont des marqueurs et des codeurs. Ils transformeront nos façons de vivre et de travailler et modifieront notre industrie de plusieurs manières, qui ne nous ont même pas encore frôlé l’esprit. L’ère de l’information numérique fait tout simplement partie de leur ADN. C’est tout aussi naturel que de respirer. Partager des informations, collaborer en ligne, faire du réseautage, estomper les barrières entre privé et public, travail et vie sociale: tout cela est à prendre.

Inévitablement, en tant que Baby Boomer, ou même en tant que travailleur vieillissant de la génération Y, vous pouvez vous sentir dépassé ou bien ressentir l’engouement. N’abandonnez pas. Suivez le mouvement ! Courez plus vite ! Allez de l’avant !

Comme je l’ai dit, je vieillis. Mais je peux honnêtement dire que je ne pense pas avoir connu de moment aussi excitant que cela dans toute ma carrière. Il se passe tellement de choses, notre industrie subit tout un tas de pressions et d’influences la poussant à changer de différentes manières possibles : énergie, carbone, technologie, changement climatique, diversité, égalité, compétences, formation, éducation, institutions et plus encore. Le BIM est un élément important de la catalyse du changement. On peut le comparer à un polar captivant que vous ne pouvez pas lâcher des yeux car vous souhaitez en connaitre le dénouement...du moins, c’est ce que je ressens Tant de choses sont encore à venir, nous avons à peine commencé à gratter la surface.

2016 et après

Nous ne devons pas sous-estimer l’impact que l’ère numérique a sur nos vies, communautés et professions. Il ne s’agit que des prémices. En ce qui concerne le BIM au Royaume-Uni, la date de lancement en 2016 approche et, bien qu’en théorie la cible ait été atteinte pour certains des principaux départements gouvernementaux, la situation hors de Whitehall est bien différente.

En ce qui concerne les autorités locales par exemple, le tableau est contrasté. Certains allant de l’avant, en définissant des exigences BIM dans leurs appels d’offres et passation de marchés, et d’autres n’ayant même pas débuté leur transition.

Le secteur privé est encore plus disparate. A l’heure actuelle, plusieurs entrepreneurs majeurs disposent de processus et d’équipes spécialisées en BIM. Bien que la plupart ne concerne que des médias et relations publiques, à défaut d’être une réelle mise en œuvre, le changement du processus et les réels avantages en découlant demeurent encore inconnus. Cependant, il existe des pôles d’excellence et la plupart d’entre eux ont au moins commencé leur transition.

La chaine d’approvisionnement et les SME restent la priorité et c’est ici que se déroulera l’action pour les années à venir, en réalisant l’harmonisation de l’adoption du BIM de niveau 2 à travers toute l’industrie. Si nous implémentons les aspects 3D du BIM, ainsi que le transfert de données au sein d’un CDE fédéré en tant que norme, cela représentera en soi un grand pas en avant et les avantages seront visibles en termes d’actifs améliorés, de réduction des pertes et de qualité et rentabilité accrues.

D’ici la publication de cet article:

2016 est proche et arrive à grands pas. La directive relative au BIM de Niveau 3 au Royaume-Uni sera publiée dans un projet de loi et nous commencerons à voir comment nous allons l’exploiter et à quoi les environnements intégrés ressembleront. Les développements prévus après 2016 et au-delà de la durée de vie du groupe de travail actuel seront définis en apportant une assurance aux pôles BIM régionaux, aux communautés BIM4 et autres partisans, qui souhaitent tous l’adoption générale de la BIM de niveau 2.