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Pourquoi les robots ne remplaceront jamais les personnes

les robots sur les chantiers

Vous aurez du mal à trouver un secteur industriel non impacté d'une façon ou d'une autre par les technologies, et celui du bâtiment n'y fait pas exception. L'utilisation croissante de technologies – de la robotique en particulier – a fait naître la crainte que nos emplois sont en danger et qu'ils seront bientôt relégués au passé tandis que la dernière vague d'intelligence artificielle pose des briques et conçoit les plans de grands projets de construction. Toutefois, même si les robots volent des emplois dans certains secteurs, ce n'est pas forcément vrai dans celui du bâtiment.

La technologie jusqu’à présent adoptée par les grandes entreprises de construction détient le potentiel de raccourcir des processus, réduire les dépenses, améliorer la santé et la sécurité, et ceci massivement, sans compter tout un cortège d'avantages additionnels. Pour l'heure, il est fascinant de travailler dans ce domaine, à un moment où les drones et les véhicules sans chauffeur bénéficient d'un engouement croissant. Les premiers peuvent aider dans nombre de tâches différentes, les inspections sur site, les mises à jour en temps réel, la logistique de chantier et la progression des projets. Toutefois, plutôt qu'ôter ces tâches des mains des professionnels de la construction et les laisser au chômage presque complet, le recours aux drones est susceptible de créer des emplois au lieu d'en détruire. Les ASP (Aéronefs Sans Pilote) continuent de nécessiter un pilotage et des ingénieurs pour assurer qu'ils déploient leur puissance de travail intégrale. Or il s'agit là de qualifications que beaucoup ne possèdent pas encore mais qu'il est certainement possible d'acquérir.

Il en va de même des véhicules sans chauffeur utilisés de pair avec les ASP pour cartographier, sur les grands chantiers, les meilleurs itinéraires pour les camions, élévateurs à fourche et même potentiellement pour les grues, ce qui souvent peut être une tâche complexe. Comme pour les drones, ces véhicules requièrent encore que l'on entre des données pour assurer qu'ils travaillent correctement, et ils continuent d'exiger la vaste majorité des aptitudes requises lorsqu'ils étaient conduits par des humains, c’est-à-dire des gens capables de charger des matériaux dans des camions, de piloter des grues et des élévateurs à fourche depuis le sol.

 
Tandis que bien des personnes continuent de craindre que leur emploi ne leur soit volé par C-3PO ou l'un de ses acolytes, remplacer des professionnels par des robots n'est pas du tout faisable et ne le sera pas pendant encore très longtemps.
 

D'autres développements au sein de l'industrie se rapprochent peut-être plus de ceux rêvés dans des films comme Artificial Intelligence et Minority Report. Un projet encore au stade des balbutiements : l'utilisation de robots ouvriers particulièrement étudiée par Skanska. Skanska a été choisi pour diriger le consortium Flexible Robotics Assembly Modules for the Build Environment (FRAMBE) qui passe en revue les systèmes robotisés susceptibles d'être utilisés pour des tâches de base comme le forage et la découpe sur site. Skanska est également derrière l'effort visant à adopter des « entreprises volantes » qui permettent de construire des installations temporaires près des chantiers ou même dedans pour réduire drastiquement les frais de transport.  Elles sont particulièrement utiles pour construire dans les zones densément construites où il y a peu de place pour manœuvrer. Ces entreprises n'auront aucun effet sur l'emploi, si ce n'est accroître les besoins en spécialistes capables de concevoir des entreprises facilement déployables et tout aussi aisément démontables.

La firme est également leader sur le chemin de l'impression 3D du béton. Ce développement peut énormément accélérer le processus de création et de construction de produits en béton et peut même permettre des conceptions d'une grande complexité, rapides et faciles, en gommant bien des défis que les constructeurs affrontent lorsqu'ils travaillent avec ce matériau. Toutefois et comme avec les autres progrès technologiques mentionnés plus haut, cela n'est pas susceptible de détruire des emplois mais seulement d'en créer. Les entreprises de construction devront rechercher des qualifications alternatives et se concentrer sur le recyclage et le redéploiement de leurs talents existants vers des rôles légèrement différents. Là où ces personnels auraient autrefois malaxé du béton eux-mêmes, ils peuvent maintenant entrer des designs dans ces robots et leur confier la partie difficile du travail.

Dans l'ensemble, le futur de l'industrie de la construction est brillant, pas seulement pour les employeurs qui bénéficieront de l'utilisation plus intense de la technologie dans leur secteur, mais aussi pour les professionnels qui travailleront aux côtés de la technique. Tandis que bien des gens continuent de craindre que leur emploi ne leur soit volé par C-3PO ou l'un de ses acolytes, remplacer des professionnels par des robots n'est pas du tout faisable et ne le sera pas pendant encore très longtemps. Même si la technologie est peut-être capable de travailler plus vite que beaucoup d'hommes, sinon de la totalité, il faudra continuer de l'activer, de la calibrer et de la transporter jusque sur les chantiers. Les exigences relatives aux qualifications changeront dans le futur, mais il n'en va pas autrement de tous les autres secteurs industriels. Le vendeur de télécopieurs et photocopieuses d'il y a vingt ans devra se réadapter et est susceptible aujourd’hui de vendre des solutions d'informatique dans le Cloud. Les entreprises elles aussi doivent s'adapter. Nintendo, par exemple, avait commencé comme producteur de cartes à jouer faites main avant de passer (sans succès) à un certain nombre d'autres domaines comme des services de taxi, TV et autres « love hotels ».  Il a fallu qu'un ingénieur arrive à faire fonctionner son projet pour que l'entreprise envisage de produire des jeux et de la technologie.  Les aptitudes et les exigences connexes évoluent avec le temps, et tandis que nous entrons dans la période technologiquement la plus avancée de notre histoire, cette évolution est susceptible d'accélérer plus que jamais. Aucune raison cependant d'avoir peur. Dans la construction au moins, les robots sont là pour nous aider plutôt que pour nous nuire.

A propos de l'auteur

Jean Thilmany is a freelance writer in St. Paul. She writes about construction, engineering, and robotics issues and served was an editor at Mechanical Engineering Magazine for 15 years. Her work has appeared in a range of publications.